Au 1er semestre 2025, l’UE et les États-Unis sont fragilisés par les tensions commerciales, tandis qu’au Canada et au Brésil l’offre est en hausse et les exportations dynamiques. En Asie, la Chine poursuit son repli et les autorités régulent le marché. Le Vietnam renforce son offre à l’inverse de la Corée du Sud qui subit l’impact des vagues de chaleur.
Europe et Amérique du Nord : des perspectives sous tension
En Europe, la production porcine progresse de +1,6 % au premier semestre 2025/24, tirée par l’Espagne (+5,1 %) alimentée par des flux d’animaux vivants en provenance des pays voisins. Les exportations européennes augmentent légèrement (+2,1 %) mais sans signal fort de reprise. Côté prix, le contraste est marqué : après une pression baissière initiée par les abatteurs nord-européens, la France et l’Espagne sont contraintes au repli des prix en août. La compétitivité européenne reste affaiblie par une demande extérieure limitée et par l’appréciation de l’euro. Les perspectives s’assombrissent avec les premières conclusions défavorables de l’enquête antidumping chinoise, qui annoncent un relèvement des taxes sur le porc européen. Elles accentueront la pression sur les prix. Avec des cheptels stables en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas, l’offre sera suffisante, laissant entrevoir des prix orientés à la baisse d’ici la fin de l’année.
Aux États-Unis, les prix se sont maintenus cet été à des niveaux supérieurs à 2024, portés par une offre restreinte (abattages en léger recul, stocks frigorifiques bas, regain des cas de SDRP). Cette fermeté est toutefois limitée par une consommation intérieure sans dynamisme. À l’international, les exportations chutent de 3,6 % au 1er semestre 2025/24, pénalisées par la politique commerciale du Président Trump et une compétitivité inférieure à celle du Brésil. À court terme, les perspectives pointent vers une offre restreinte, avec un cheptel de truies en légère baisse et la persistance du SDRP. Cette réduction de l’offre pourrait toutefois être compensée par une demande extérieure en recul sur la plupart des marchés, sauf au Mexique où les importations demeurent soutenues.
Canada et Brésil : confiants jusqu’à la fin d’année
Au Canada, l’offre progresse (+2,8 % sur sept mois par rapport à 2024) avec des prix soutenus par la fermeté du marché américain et l’exportation de porcelets vers les États-Unis. Les tensions commerciales entre les deux pays se sont poursuivies, mais le porc a été exempté des hausses de droits. Les exportateurs canadiens diversifient leurs débouchés, en particulier vers le Japon (+26,8 % au 1er semestre 2025/24) et le Mexique (+9,7 %). Avec une hausse prévue des mises bas (+0,8 %), l’offre devrait continuer de croître, offrant de bonnes perspectives à l’export.
Au Brésil, la dynamique reste solide : les abattages progressent (+2,5 % au 1er semestre 2025/24) et les exportations bondissent de 13,2 % sur sept mois 2025/24. Si la Chine s’est montrée moins porteuse, les volumes ont été redirigés vers d’autres marchés (Philippines, Chili, Japon, Mexique). Le pays consolide ainsi son rôle de fournisseur incontournable sur la scène internationale, avec des signaux favorables attendus jusqu’à la fin de l’année.
Asie : incertitudes et fragilités
En Chine, la consommation demeure prudente et les prix reculent fortement, reflet d’une offre abondante et de carcasses lourdes. Les autorités interviennent par des mises en stock et une régulation des cheptels. Sur le plan international, le nouveau report jusqu’au 10 novembre des négociations sur les tarifs douaniers avec les Etats-Unis et la publication de mesures provisoires envers le porc européen entretient un climat d’incertitudes. La Chine restera très certainement en retrait des achats internationaux dans les prochains mois, privilégiant ses fournisseurs les plus compétitifs.
Au Vietnam, le cheptel progresse (+3,8 % au 2e trimestre 2025/23), renforçant l’offre, tandis que les prix du porc vif reculent depuis juin. La consommation reste soutenue et les importations augmentent (+23 % au 1er semestre 2025/24) pour couvrir une production encore contrainte par les risques sanitaires. Une remontée des prix est attendue à l’approche des fêtes nationales de la mi-automne.
En Corée du Sud, l’offre se contracte (−3 % sur huit mois), affectée par les vagues de chaleur qui ont ralenti la croissance et accru la mortalité des porcs. Les prix se raffermissent, mais le pouvoir d’achat limité et la baisse de la consommation dans la restauration freinent la demande à l’import (−4,7 % au cumul 6 mois 2025/24). La fin d’année pourrait toutefois apporter un soutien saisonnier, et la Corée pourrait recourir à des achats ponctuels pour compenser son déficit d’offre.

